“Nous ne souhaitons plus faire comme par le passé.” Brice Clotaire Oligui Nguema annonce la rupture avec les vieilles pratiques de coopération entre son pays et les grandes puissances qui viennent exploiter le sous-sol gabonais sans perspective d’industrialisation du Gabon.

Devant son homologue français qu’il a reçu à Libreville dimanche 23 novembre, le chef de l’Etat gabonais a exposé ses attentes à l’égard des entreprises françaises qui opèrent dans son pays. Au-delà de la transition politique qu’il a engagé depuis son accession au pouvoir, déclare-t-il, “le Gabon s'est engagé dans une transformation économique ambitieuse centrée sur la valorisation de ses ressources et l'amélioration des conditions de vie de sa population.”

Dans ce nouvel élan qu’il entend faire prendre à son pays, Brice Clotaire Oligui Nguéma veut engager le Gabon dans une ère d’industrialisation. “L'industrialisation en est l'un des principaux piliers, notamment par la transformation locale de nos matières premières.”

Plus de laisser aller

Pour opérer au Gabon, les entreprises étrangères devront désormais respecter des règles de transparence et s’engager à accompagner la transformation du pays, chère à Brice Clotaire Oligui. 

Saisissant l’occasion de la déclaration conjointe de presse avec Emmanuel Macron, il s’est adressé aux entreprises françaises.  “Nous invitons les entreprises françaises à s'asseoir, à suivre notre dynamique dans un cadre de transparence et de bonne gouvernance, conformément aux recommandations du FMI en matière de publication de contrats, de déclarations fiscales, conventions, accords et partenariats.”, a appelé le président gabonais.

Brice Oligui pense pouvoir compter sur son homologue français, à qui, il a d’ailleurs rappelé son appel à l’exemplarité des entreprises françaises en Afrique, lancé depuis Dakar au Sénégal.  “C'est l'occasion pour moi de vous rappeler, cher Emmanuel, que le 2 février 2018 à Dakar, lors de votre adresse à la communauté française du Sénégal, vous avez dit ceci, “les entreprises françaises doivent être exemplaires en Afrique”. C'est cette exemplarité que nous recherchons pour notre pays.” 

Spécifiquement, le président Oligui a évoqué le cas d’Eramet, le groupe français qui exploite le manganèse au Gabon. “Concernant la transformation du manganèse, nous comptons sur votre collaboration afin que le groupe Eramet respecte ses engagements.” Il souhaite que cette entreprise d’extraction minière et de transformation métallurgique se montre “plus réactive et surtout alignée”  à la vision que son régime porte.

Macron en accord avec Oligui

Pour le président français, les exigences formulées par son homologue gabonais sont légitimes. “La France est pleinement disponible pour accompagner cette ambition.”, a répondu Emmanuel Macron. 

“Depuis ce que j'ai dit à Ouagadougou dès la fin de l'année 2017, je crois dans un partenariat réinventé et en effet dans une relation qui soit respectueuse, où nous devons être exemplaires les uns et les autres et où les situations doivent amener à des partenariats gagnants-gagnants”, a clarifié le président français.